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A INSERER SI PLACE

LES ARTS INCOHÉRENTS en 1893

« Dans le grand foyer de l’Olympia, le public pourra admirer la dixième exposition des Arts Incohérents. C’est la plus belle et la plus complète de toutes les manifestations de la gaieté, que Jules Lévy a organisée avec l’habileté ordinaire qu’il sait déployer lorsqu’il s’agit de faire rire. Jamais collection plus amusante et plus fantaisiste n’aura été soumise au jugement impartial du Tout-Paris. Les Incohérents sont de vieilles connaissances ; depuis 1882 ils organisent périodiquement des expositions, des fêtes et des bals qui obtiennent toujours un succès de plus en plus mérité. Cette année encore, ils ont trouvé des idées gaies ; comiques ou spirituelles, choses rares par le temps moralement gris que nous avons à supporter. Nous devons citer parmi les meilleurs envois ceux de M. Emile Cohl, le plus travailleur des Incohérents et certainement l’un des plus spirituels, de Henri Pille, le maître de la plume et de l’aquarelle, de Riol et de Xénophon, deux pseudonymes qui cachent des noms célèbres dans la peinture, ceux de MM. Neumont, Leloup et Penot, trois jeunes pleins de talent; les dessins de Dillon, de Régamey, de Zig-Zag, d’Habert, de Bianco, de Falco, de Blanchet-Magon, etc., etc., les fantaisies de Berard, d’Arthus, de Mesplès, de Fernandez, de Lanier, de Grün, d’Orthez , de Kotek, de Rœdel, de Gueldry, etc., etc. Les Incohérentes sont aussi de la partie, Mmes Levai, La Loïe Funiculaire, Marton, Myette, Paupelain, R. Maury, Miss Ellah, ont toutes envoyé des œuvres charmantes. En faisant choix de l’Olympia pour son exposition, M. Jules Lévy a eu la main heureuse, tous ceux qui aiment le Rire feront le pèlerinage du boulevard des Capucines. Toute l’actualité y passe, le Panama, la Ligue contre la licence des rues, les hommes politiques et les artistes du jour, les gigolettes et les autres, et tout cela est avant tout propre, l’obscénité et l’indécence sont choses bannies par le Directeur de l’exposition. Une affiche merveilleusement illustrée par MM. Pillegray, Cohl et Dillon et tirée par le maître imprimeur Pichot, va orner ces jours-ci les murs de Paris, faisant concurrence aux affiches électorales. Ce sera la première fois qu’une affiche illustrée aura été faite en collaboration. Comme les Incohérents ne font rien comme tout le monde, ils ont des prix d’entrée absolument fantaisistes. Le dimanche, le public sera admis pour la modique somme de 65 centimes ; en semaine, pour 1 fr.15, et le vendredi, jour chic et réservé, on entrera pour trente-neuf sous. Les Incohérents savent faire rire, nous leur devons quelques bonnes heures, il faut les remercier ; il est si rare de trouver à Paris des choses véritablement amusantes que, lorsqu’il nous arrive une bouffée de gaieté, il importe de la prendre au passage et d’en profiter. Quand on a ri un jour, on n’a pas perdu sa journée. »

Jules Lévy

(Extrait du Journal, numéro spécial inauguration Olympia, avril 1893)

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