Il fallait être un peu gonflé pour fonder un hebdomadaire à Paris en 1882
Il fallait être un peu gonflé pour fonder un hebdomadaire à Paris en 1882, mais Rodolphe Salis, patron du cabaret du Chat noir, pensa que c’était de bonne politique et que ça ferait de la réclame !
Quatre pages hebdomadaires, avec l’en-tête du Chat noir faisant le dos rond devant les moulins de Montmartre, des rédacteurs désignés, dont Alphonse Allais, d’auguste mémoire, un dessin en troisième, des poèmes, des contes, des blagues, grandes, petites, un petit chat devenu grand qui totalisa quand même 810 numéros tirés parfois à 20 000 exemplaires. Non, le Chat noir, de 1882 à 1897, ne fut pas une simple feuille publicitaire mais un véritable organe de presse qui imprima sa marque durablement. Le premier numéro de cette feuille poétique, subversive et littéraire sortit le 14 janvier 1882, avec le fameux frontispice d’Henri Pille que nous avons repris à notre compte et qui orne maintenant à nouveau les foyers, les loges de concierges, les salles d’attente de dentistes et certaines salles de cafés bien parisiennes.

On a dit bien du mal de Rodolphe Salis, de son avarice, de sa grossièreté, et de son mauvais caractère. Ce fut lui, pourtant, et personne d’autre, qui fonda le cabaret du Chat noir, qui inspira de nombreuses répliques dans le monde entier. Donc, rendons hommage au gentilhomme cabaretier et à Alphonse Allais, Emile Goudeau, Henri Rivière et tant d’autres qui ont su, parfois à bout de bras, faire vivre et publier cette feuille insolente et généreuse, curieuse et pittoresque qui fut, est et sera le Journal le Chat Noir jusqu’à la fin des temps !