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140 ans et pas une ride


Trois ans que ça dure, le Chat noir revival, alors il commence à avoir la grosse tête, vu que, quand on se ramène à l’année de fondation de l’original, ça fait 140 bougies et que ce n’est pas rien tout de même ! Vu comme ça, notre titre de presse est un des plus vieux du marché. Mais comme on est des braves gens, on ne va pas la ramener dans le genre prétentieux ! On est chatnoiresque ou on ne l’est pas, un point c’est tout ! La grande et belle histoire renouvelée du Chat continue, grâce à plusieurs personnes et de chouettes rencontres, à des hasards – même s’ils n’existent pas, comme a dit l’autre – à moi, à elles et eux, à lui aussi, et surtout à ses lecteurs, car ce journal n’existerait pas sans vous. C’était il y a… trois ans maintenant, Romain Nouat, un gars de la rue Cortot, lisait tranquillement dans le jardin du musée de Montmartre quand un chat… noir, vint se frotter à ses jambes… De fil en aiguille et de matou en mistigri, notre montmartrois d’adoption eut alors l’idée de visiter ce musée et quand il entra dans la salle dédiée à l’ancien cabaret du Chat noir, il fut intrigué, intéressé par le Journal le Chat noir qui était encadré là, en face de lui. Ce numéro étant tourné à la blague, comme souvent, une idée, tel le haricot magique, germa instantanément dans la cervelle de Romain : pourquoi ne pas relancer ce titre disparu en… 1895 ? Ecoutant sa conscience, chevillée alors par un petit démon en forme de chaton noir, il grimpa les étages du musée et là, tout en haut, juste avant le ciel, il rencontra Isabelle, de l’association historique le vieux Montmartre. Il lui parla de son projet qu’elle ne trouva pas ridicule et qu’elle encouragea même franchement… Elle lui présenta même un certain Christophe, un graphiste très doué et concerné par les projets chatnoiresques. L’aventure débutait… Un numéro bourré de fôtes d’aurtaugrapheu fut publié comme un défi vers un correcteur inconnu. Celui-ci répondit aussitôt, il s’appelait Philippe et, tenant son crayon comme un sabre vengeur, traqua aussitôt les erreurs de plume des chatnoiristes! Et ce fut le tour de Mathias, un sacré rigolo capable de vous trousser une chronique éphéméride amusante en deux coups ! Ses personnages sont ronds, très ronds, drôles, très drôles, et le tout baigne dans une sauce provocatrice d’un goût particulier : Binu devait naturellement devenir dessinateur en chef du Chat noir, et il l’est ! Et un certain jour, Rodolphe, un curieux historien à chapeau mou, rencontra Romain au musée de Montmartre : il lui proposa ses services et le patron eut la courtoisie de les accepter ! Le journal avançait toujours : un numéro, un deuxième… Et Delphine alias Champo (elle est forte en hiéroglyphes !) proposa ses services historiques et littéraires au journal après avoir entendu Romain et Rodolphe sur France Culture : ils avaient osé y parler du Chat noir ! Alors que nous débutions, Caroline organisa alors un colloque à la Bibliothèque de la Ville de Paris sur la « poétique du Chat Noir », curieuse coïncidence ! Une impression supplémentaire de renaissance et du renouvellement de l’intérêt porté au cabaret semblait émerger ! Puis ce fut la rencontre décisive avec Sophie et Julie du Musée de Châtellerault : deux nouvelles salles consacrées entièrement au Chat noir étaient en préparation ! La rédaction du journal, associée à l’évènement, publia alors un numéro hors-série contant la folle histoire du cabaret… Et nous étions à l’inauguration ! Ce fut aussi à ce moment que la petite troupe du journal fut hébergée par Alain, graphiste et collectionneur chatnoiriste. Quelle émotion de s’asseoir sur d’authentiques chaises du Chat noir et de s’accouder à une de ses tables ! Les fantômes d’Alphonse Allais, d’Henri Rivière et de Rodolphe Salis n’étaient pas loin ! Il ne manquait que la voix pour colorer nos plumes : Julien s’associa alors à notre équipe pour co-organiser tous les troisièmes mercredis du mois un défi poétique au restaurant la Cantine du 18. Des numéros en noir et en couleurs furent alors maquettés par la graphiste Camille. Et c’est à ce moment que Flo et Khriska, photographes de « La cage aux fauves » immortalisèrent « à l’ancienne » la petite troupe du journal. Rue de l’Abreuvoir : une Maison rose pour un Chat noir, et l’accueil toujours charmant de la rédaction par Laurence dans ce temple de la mémoire et de la gastronomie. Plus bas, au coin de la rue Girardon c’est là, dans la belle villa Radet que le Chat noir organisa un salon où 150 artistes vendirent et exposèrent leurs œuvres. Quelque temps auparavant, Femme Stabilo était venue crayonner dans les pages du Chat noir, y déposant son personnage, curieuse petite luronne frisée très expressive, qui nous rappelle, un peu, beaucoup, une certaine Sarah… Yaëlle, graphiste, a mis tout son talent au service de la chatnoiritude, et le journal s’en trouve très bien; grâce à elle il a revêtu des habits chics et originaux, tellement qu’il en deviendrait prétentieux ! Frédéric est un garçon élégant et charmant, prof de musique dans le civil et rédacteur de contes pour le Chat noir. Il est le dernier arrivé… D’autres suivront évidemment… Et merci encore à Yoann, pour son accueil pas si incohérent que cela, à Marine, qui vient de publier une belle Anthologie du Chat noir et à Enguerrand, qui a l’audace de chanter et d’enregistrer le répertoire de Paul Delmet ! Nous n’oublierons pas aussi Montmartre addict et le 18e du mois, en toute confraternité. Et quant aux autres, que nous ne connaissons pas encore, nous avons hâte de les rencontrer ! Non, le Chat noir n’est pas mort, il est encore capable de griffer ou de ronronner suivant les occasions qui se présentent !

Rodolphe Trouilleux Historiographe du Chat noir


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