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La Fée Asphalte par Emile Goudeau (Fleur du Bitume)

La Fée Asphalte par Emile Goudeau (Fleur du Bitume)

Au Poète

Le train, qui t’amena des lointaines provinces, Depuis longtemps est reparti. Oublie, enfant, un peu de tes naïvetés minces, Deviens grand, toi qui fus petit. Paris qui m’appartient est une vaste arère Pour l’amour et l’ambition ; La rue est aujourd’hui la seule souveraine : Porte-lui ta dévotion.

Tu n’as pas de foyer dans cette ville grande ? Vas à l’auberge du hasard ! Des épouses et des amis de contrebande… On trouve de tout au bazar. D’autres, à toi pareils, et plus que toi bohèmes, Se sont élancés du Troittoir Pour faire de leur vie étrange des poèmes Pompeusement vêtus d’espoir.

Aussi songe plus aux forêts, aux prairies, Les squares sont mieux ratissés ! Les soleils de là-bas berçaient les rêveries : Par le gaz ils sont remplacés. Que t’importent la rose, et l’humble marguerite, Et l’insupportable muguet ? Le bitume a des fleurs dont le parfum irrite : Va donc m’y cueillir un bouquet.

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